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听法语故事: 美丽朋友  第十四章

时间:2011-06-20 18:30:35 来源:可可法语 编辑:lydie310  测测英语水平如何

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Bel-Ami  美丽朋友
Guy de Maupassant  莫泊桑
Publication: 1885

Deuxième partie
Chapitre 14


L’église était tendue de noir, et, sur le portail, un
grand écusson coiffé d’une couronne annonçait aux
passants qu’on enterrait un gentilhomme.
La cérémonie venait de finir, les assistants s’en allaient
lentement, défilant devant le cercueil et devant
le neveu du comte de Vaudrec, qui serrait les mains
et rendait les saluts.
Quand Georges Du Roy et sa femme furent sortis,
ils se mirent à marcher côte à côte, pour rentrer chez
eux. Ils se taisaient, préoccupés.
Enfin, Georges prononça, comme parlant à luimême
:
"Vraiment, c’est bien étonnant !"
Madeleine demanda :
"Quoi donc, mon ami ?
- Que Vaudrec ne nous ait rien laissé !"
Elle rougit brusquement, comme si un voile rose se
fût étendu tout à coup sur sa peau blanche, en montant
de la gorge au visage, et elle dit :
"Pourquoi nous aurait-il laissé quelque chose ? Il
n’y avait aucune raison pour ça !"
Puis, après quelques instants de silence, elle reprit :
"Il existe peut-être un testament chez un notaire.
Nous ne saurions rien encore."
Il réfléchit, puis murmura :
"Oui, c’est probable, car, enfin, c’était notre
meilleur ami, à tous les deux. Il dînait deux fois par
semaine à la maison, il venait à tout moment. Il était
chez lui chez nous, tout à fait chez lui. Il t’aimait
comme un père, et il n’avait pas de famille, pas d’enfants,
pas de frères ni de soeurs, rien qu’un neveu, un
neveu éloigné. Oui, il doit y avoir un testament. Je ne
tiendrais pas à grand-chose, un souvenir, pour prouver
qu’il a pensé à nous, qu’il nous aimait, qu’il reconnaissait
l’affection que nous avions pour lui. Il nous
devait bien une marque d’amitié."
Elle dit, d’un air pensif et indifférent :
"C’est possible, en effet, qu’il y ait un testament."
Comme ils rentraient chez eux, le domestique présenta
une lettre àMadeleine. Elle l’ouvrit, puis la tendit
à son mari.
Étude deMaître Lamaneur
Notaire
17, rue des Vosges
Madame,
J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien passer
à mon étude, de deux heures à quatre heures, mardi,
mercredi ou jeudi, pour affaire qui vous concerne.
Recevez, etc.
LAMANEUR.
Georges avait rougi, à son tour :
"Ça doit être ça. C’est drôle que ce soit toi qu’il appelle,
et non moi qui suis légalement le chef de famille."
Elle ne répondit point d’abord, puis après une
courte réflexion :
"Veux-tu que nous y allions tout à l’heure ?
- Oui, je veux bien."
Ils semirent en route dès qu’ils eurent déjeuné.
Lorsqu’ils entrèrent dans l’étude de maître Lamaneur,
le premier clerc se leva avec un empressement
marqué et les fit pénétrer chez son patron.
Le notaire était un petit homme tout rond, rond
de partout. Sa tête avait l’air d’une boule clouée sur
une autre boule que portaient deux jambes si petites,
si courtes qu’elles ressemblaient aussi presque à des
boules.
Il salua, indiqua des sièges, et dit en se tournant
versMadeleine :
"Madame, je vous ai appelée afin de vous donner
connaissance du testament du comte de Vaudrec qui
vous concerne."
Georges ne put se tenir de murmurer :
"Jem’en étais douté."
Le notaire ajouta :
"Je vais vous communiquer cette pièce, très courte
d’ailleurs. "
Il atteignit un papier dans un carton devant lui, et
lut :
"Je soussigné, Paul-Émile-Cyprien-Gontran,
comte de Vaudrec, sain de corps et d’esprit, exprime
ici mes dernières volontés.
"La mort pouvant nous emporter à tout moment,
je veux prendre, en prévision de son atteinte, la précaution
d’écrire mon testament qui sera déposé chez
maître Lamaneur.
"N’ayant pas d’héritiers directs, je lègue toute ma
fortune, composée de valeurs de bourse pour six cent
mille francs et de biens-fonds pour cinq cent mille
francs environ, àMme Claire-MadeleineDu Roy, sans
aucune charge ou condition. Je la prie d’accepter ce
don d’un ami mort, comme preuve d’une affection
dévouée, profonde et respectueuse."
Le notaire ajouta :
"C’est tout. Cette pièce est datée du mois d’août
dernier et a remplacé un document de même nature,
fait il y a deux ans, au nomdeMme Claire-Madeleine
Forestier. J’ai ce premier testament qui pourrait prouver,
en cas de contestation de la part de la famille, que
la volonté deM. le comte de Vaudrec n’a point varié."
Madeleine, très pâle, regardait ses pieds. Georges,
nerveux, roulait entre ses doigts le bout de sa moustache.
Le notaire reprit, après un moment de silence :
"Il est bien entendu, monsieur, que madame ne
peut accepter ce legs sans votre consentement."
Du Roy se leva, et, d’un ton sec :
"Je demande le temps de réfléchir."
Le notaire, qui souriait, s’inclina, et d’une voix aimable
:
"Je comprends le scrupule qui vous fait hésiter,
monsieur. Je dois ajouter que le neveu de M. de
Vaudrec, qui a pris connaissance, ce matin même,
des dernières intentions de son oncle, se déclare
prêt à les respecter si on lui abandonne une somme
de cent mille francs. A mon avis, le testament est
inattaquable, mais un procès ferait du bruit qu’il
vous conviendra peut-être d’éviter. Le monde a souvent
des jugements malveillants. Dans tous les cas,
pourrez-vous me faire connaître votre réponse sur
tous les points avant samedi ?"
Georges s’inclina : "Oui, monsieur." Puis il salua
avec cérémonie, fit passer sa femme demeurée
muette, et il sortit d’un air tellement roide que le notaire
ne souriait plus.
Dès qu’ils furent rentrés chez eux, Du Roy ferma
brusquement la porte, et, jetant son chapeau sur le
lit :
"Tu as été la maîtresse de Vaudrec ?"
Madeleine, qui enlevait son voile, se retourna
d’une secousse :
"Moi ? Oh !
- Oui, toi. On ne laisse pas toute sa fortune à une
femme, sans que... "
Elle était devenue tremblante et ne parvenait point
à ôter les épingles qui retenaient le tissu transparent.
Après un moment de réflexion, elle balbutia, d’une
voix agitée :
"Voyons... voyons... tu es fou... tu es... tu es... Estce
que toi-même... tout à l’heure... tu n’espérais pas...
qu’il te laisserait quelque chose ?"
Georges restait debout, près d’elle, suivant toutes
ses émotions, comme unmagistrat qui cherche à surprendre
les moindres défaillances d’un prévenu. Il
prononça, en insistant sur chaque mot :
"Oui... il pouvait me laisser quelque chose, à moi...
à moi, ton mari... à moi, son ami... entends-tu... mais
pas à toi... à toi, son amie... à toi, ma femme. La distinction
est capitale, essentielle, au point de vue des
convenances... et de l’opinion publique."
Madeleine, à son tour, le regardait fixement, dans
la transparence des yeux, d’une façon profonde et
singulière, comme pour y lire quelque chose, comme
pour y découvrir cet inconnu de l’être qu’on ne pénètre
jamais et qu’on peut à peine entrevoir en des
secondes rapides, en ces moments de non-garde, ou
d’abandon, ou d’inattention, qui sont comme des
portes laissées entrouvertes sur les mystérieux dedans
de l’esprit. Et elle articula lentement :
"Il me semble pourtant que si... qu’on eût trouvé
au moins aussi étrange un legs de cette importance,
de lui... à toi."
Il demanda brusquement :
"Pourquoi ça ?"
Elle dit :
"Parce que..."
Elle hésita, puis reprit :
"Parce que tu es mon mari... que tu ne le connais
en somme que depuis peu... parce que je suis son
amie depuis très longtemps... moi... parce que son
premier testament, fait du vivant de Forestier, était
déjà en ma faveur."
Georges s’était mis à marcher à grands pas. Il déclara
:
"Tu ne peux pas accepter ça."
Elle répondit avec indifférence :
"Parfaitement ; alors, ce n’est pas la peine d’attendre
à samedi ; nous pouvons faire prévenir tout de
suite maître Lamaneur."
Il s’arrêta en face d’elle ; et ils demeurèrent de nouveau
quelques instants les yeux dans les yeux, s’efforçant
d’aller jusqu’à l’impénétrable secret de leurs
coeurs, de se sonder jusqu’au vif de la pensée. Ils
tâchaient de se voir à nu la conscience en une interrogation
ardente et muette : lutte intime de deux
êtres qui, vivant côte à côte, s’ignorent toujours, se
soupçonnent, se flairent, se guettent, mais ne se
connaissent pas jusqu’au fond vaseux de l’âme.
Et, brusquement, il lui murmura dans le visage, à
voix basse :
"Allons, avoue que tu étais la maîtresse de Vaudrec."
Elle haussa les épaules :
"Tu es stupide... Vaudrec avait beaucoup d’affection
pour moi, beaucoup... mais rien de plus... jamais."
Il frappa du pied :
"Tu mens. Ce n’est pas possible."
Elle répondit tranquillement :
"C’est comme ça, pourtant."
Il se mit à marcher, puis, s’arrêtant encore :
"Explique-moi, alors, pourquoi il te laisse toute sa
fortune, à toi... "
Elle le fit avec un air nonchalant et désintéressé :
"C’est tout simple. Comme tu le disais tantôt, il
n’avait que nous d’amis, ou plutôt que moi, car il
m’a connue enfant. Ma mère était dame de compagnie
chez des parents à lui. Il venait sans cesse ici, et,
comme il n’avait pas d’héritiers naturels, il a pensé
à moi. Qu’il ait eu un peu d’amour pour moi, c’est
possible. Mais quelle est la femme qui n’a jamais
été aimée ainsi ? Que cette tendresse cachée, secrète,
ait mis mon nom sous sa plume quand il a pensé à
prendre des dispositions dernières, pourquoi pas ? Il
m’apportait des fleurs, chaque lundi. Tu ne t’en étonnais
nullement et il ne t’en donnait point, à toi, n’estce
pas ? Aujourd’hui, il me donne sa fortune par la
même raison et parce qu’il n’a personne à qui l’offrir.
Il serait, au contraire, extrêmement surprenant qu’il
te l’eût laissée ? Pourquoi ? Que lui es-tu ?"
Elle parlait avec tant de naturel et de tranquillité
que Georges hésitait.
Il reprit :
"C’est égal, nous ne pouvons accepter cet héritage
dans ces conditions. Ce serait d’un effet déplorable.
Tout le monde croirait la chose, tout le monde en jaserait
et rirait de moi. Les confrères sont déjà trop disposés
à me jalouser et àm’attaquer. Je dois avoir plus
que personne le souci de mon honneur et le soin de
ma réputation. Il m’est impossible d’admettre et de
permettre quema femmeaccepte un legs de cette nature
d’un homme que la rumeur publique lui a déjà
prêté pour amant. Forestier aurait peut-être toléré
cela, lui,mais moi, non."
Elle murmura avec douceur :
"Eh bien, mon ami, n’acceptons pas, ce sera un
million de moins dans notre poche, voilà tout."
Il marchait toujours, et il se mit à penser tout haut,
parlant pour sa femme sans s’adresser à elle.
"Eh bien, oui... un million... tant pis... Il n’a pas
compris en testant quelle faute de tact, quel oubli des
convenances il commettait. Il n’a pas vu dans quelle
position fausse, ridicule, il allait me mettre... Tout est
affaire de nuances dans la vie... Il fallait qu’il m’en
laissât la moitié, ça arrangeait tout."
Il s’assit, croisa ses jambes et se mit à rouler le bout
de sesmoustaches, comme il faisait aux heures d’ennui,
d’inquiétude et de réflexion difficile.
Madeleine prit une tapisserie à laquelle elle travaillait
de temps en temps, et elle dit en choisissant
ses laines :
"Moi, je n’ai qu’à me taire. C’est à toi de réfléchir."
Il fut longtemps sans répondre, puis il prononça,
en hésitant :
"Le monde ne comprendra jamais et que Vaudrec
ait fait de toi son unique héritière et que j’aie admis
cela, moi. Recevoir cette fortune de cette façon,
ce serait avouer... avouer de ta part une liaison coupable,
et de la mienne une complaisance infâme...
Comprends-tu comment on interpréterait notre acceptation
? Il faudrait trouver un biais, un moyen
adroit de pallier la chose. Il faudrait laisser entendre,
par exemple, qu’il a partagé entre nous cette fortune,
en donnant lamoitié au mari, la moitié à la femme."
Elle demanda :
"Je ne vois pas comment cela pourrait se faire,
puisque le testament est formel."
Il répondit :
"Oh ! c’est bien simple. Tu pourrais me laisser la
moitié de l’héritage par donation entre vifs. Nous
n’avons pas d’enfants, c’est donc possible. De cette
façon, on fermerait la bouche à la malignité publique."
Elle répliqua, un peu impatiente :
"Je ne vois pas non plus comment on fermerait la
bouche à la malignité publique, puisque l’acte est là,
signé par Vaudrec."
Il reprit avec colère :
"Avons-nous besoin de le montrer et de l’afficher
sur les murs ? Tu es stupide, à la fin. Nous dirons
que le comte de Vaudrec nous a laissé sa fortune par
moitié... Voilà... Or, tu ne peux accepter ce legs sans
mon autorisation. Je te la donne, à la seule condition
d’un partage qui m’empêchera de devenir la risée du
monde."
Elle le regarda encore d’un regard perçant.
"Comme tu voudras. Je suis prête."
Alors il se leva et se remit à marcher. Il paraissait
hésiter de nouveau et il évitait maintenant l’oeil pénétrant
de sa femme. Il disait :
"Non... décidément non... peut-être vaut-il mieux y
renoncer tout à fait... c’est plus digne.. plus correct...
plus honorable... Pourtant, de cette façon on n’aurait
rien à supposer, absolument rien. Les gens les plus
scrupuleux ne pourraient que s’incliner."
Il s’arrêta devantMadeleine :
"Eh bien, si tu veux, ma chérie, je vais retourner
tout seul chez maître Lamaneur pour le consulter
et lui expliquer la chose. Je lui dirai mon scrupule,
et j’ajouterai que nous nous sommes arrêtés à l’idée
d’un partage, par convenance, pour qu’on ne puisse
pas jaboter.Du moment que j’accepte lamoitié de cet
héritage, il est bien évident que personne n’a plus le
droit de sourire. C’est dire hautement : "Ma femme
accepte parce que j’accepte, moi, son mari, qui suis
juge de ce qu’elle peut faire sans se compromettre."
Autrement, ça aurait fait scandale."
Madeleine murmura simplement :
"Comme tu voudras."
Il commença à parler avec abondance : "Oui, c’est
clair comme le jour avec cet arrangement de la séparation
par moitié. Nous héritons d’un ami qui n’a
pas voulu établir de différence entre nous, qui n’a pas
voulu faire de distinction, qui n’a pas voulu avoir l’air
de dire : "Je préfère l’un ou l’autre après ma mort
comme je l’ai préféré dans ma vie." Il aimait mieux
la femme, bien entendu, mais en laissant sa fortune
à l’un comme à l’autre il a voulu exprimer nettement
que sa préférence était toute platonique. Et sois certaine
que, s’il y avait songé, c’est ce qu’il aurait fait.
Il n’a pas réfléchi, il n’a pas prévu les conséquences.
Comme tu le disais fort bien tout à l’heure, c’est à toi
qu’il offrait des fleurs chaque semaine, c’est à toi qu’il
a voulu laisser son dernier souvenir sans se rendre
compte..."
Elle l’arrêta avec une nuance d’irritation :
"C’est entendu. J’ai compris. Tu n’as pas besoin de
tant d’explications. Va tout de suite chez le notaire."
Il balbutia, rougissant :
"Tu as raison, j’y vais."
Il prit son chapeau, puis, au moment de sortir :
"Je vais tâcher d’arranger la difficulté du neveu
pour cinquantemille francs, n’est-ce pas ?"
Elle répondit avec hauteur :
"Non. Donne-lui les cent mille francs qu’il demande.
Et prends-les sur ma part, si tu veux."
Il murmura, honteux soudain :
"Ah ! mais non, nous partagerons. En laissant cinquante
mille francs chacun, il nous reste encore un
million net."
Puis il ajouta :
"A tout à l’heure, ma petiteMade."
Et il alla expliquer au notaire la combinaison qu’il
prétendit imaginée par sa femme.
Ils signèrent le lendemain une donation entre vifs
de cinq cent mille francs que Madeleine Du Roy
abandonnait à son mari.
Puis, en sortant de l’étude, comme il faisait beau,
Georges proposa de descendre à pied jusqu’aux boulevards.
Il se montrait gentil, plein de soins, d’égards,
de tendresse. Il riait, heureux de tout, tandis qu’elle
demeurait songeuse et un peu sévère.
C’était un jour d’automne assez froid. La foule
semblait pressée et marchait à pas rapides. Du Roy
conduisit sa femme devant la boutique où il avait regardé
si souvent le chronomètre désiré.
"Veux-tu que je t’offre un bijou ?" dit-il.
Elle murmura, avec indifférence :
"Comme il te plaira."
Ils entrèrent. Il demanda :
"Que préfères-tu, un collier, un bracelet, ou des
boucles d’oreilles ?"
La vue des bibelots d’or et des pierres fines emportait
sa froideur voulue, et elle parcourait d’un oeil allumé
et curieux les vitrines pleines de joyaux.
Et soudain, émue par un désir :
"Voilà un bien joli bracelet."
C’était une chaîne d’une forme bizarre, dont
chaque anneau portait une pierre différente.
Georges demanda :
"Combien ce bracelet ?"
Le joaillier répondit :
"Troismille francs, monsieur.
- Si vous me le laissez à deux mille cinq, c’est une
affaire entendue. "
L’homme hésita, puis répondit :
"Non, monsieur, c’est impossible."
Du Roy reprit :
"Tenez, vous ajouterez ce chronomètre pour
quinze cents francs, cela fait quatre mille, que je paierai
comptant. Est-ce dit ? Si vous ne voulez pas, je vais
ailleurs."
Le bijoutier, perplexe, finit par accepter.
"Eh bien, soit,monsieur."
Et le journaliste, après avoir donné son adresse,
ajouta :
"Vous ferez graver sur le chronomètre mes initiales
G.R.C., en lettres enlacées au-dessous d’une
couronne de baron."
Madeleine, surprise, se mit à sourire. Et quand ils
sortirent, elle prit son bras avec une certaine tendresse.
Elle le trouvait vraiment adroit et fort.Maintenant
qu’il avait des rentes, il lui fallait un titre, c’était
juste.
Lemarchand le saluait :
"Vous pouvez compter sur moi, ce sera prêt pour
jeudi, monsieur le baron."
Ils passèrent devant le Vaudeville. On y jouait une
pièce nouvelle.
"Si tu veux, dit-il, nous irons ce soir au théâtre, tâchons
de trouver une loge."
Ils trouvèrent une loge et la prirent. Il ajouta :
"Si nous dînions au cabaret ?
- Oh ! oui, je veux bien."
Il était heureux comme un souverain, et cherchait
ce qu’ils pourraient bien faire encore.
"Si nous allions chercher Mme de Marelle pour
passer la soirée avec nous ? Son mari est ici, m’a-t-on
dit. Je serai enchanté de lui serrer la main."
Ils y allèrent. Georges, qui redoutait un peu la première
rencontre avec sa maîtresse, n’était point fâché
que sa femme fût présente pour éviter toute explication.
Mais Clotilde parut ne se souvenir de rien et força
même son mari à accepter l’invitation.
Le dîner fut gai et la soirée charmante.
Georges et Madeleine rentrèrent fort tard. Le gaz
était éteint. Pour éclairer les marches, le journaliste
enflammait de temps en temps une allumettebougie.
En arrivant sur le palier du premier étage, la
flamme subite éclatant sous le frottement fit surgir
dans la glace leurs deux figures illuminées au milieu
des ténèbres de l’escalier.
Ils avaient l’air de fantômes apparus et prêts à
s’évanouir dans la nuit.
Du Roy leva la main pour bien éclairer leurs
images, et il dit, avec un rire de triomphe :
"Voilà des millionnaires qui passent."

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